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vendredi 28 juin 2013

Bacha Posh - Charlotte Erlih

Nous partons avec ce roman en Afghanistan. Farroukh et sa bande d'amis rêvent de concourir aux jeux olympiques pour l'épreuve d'aviron et représenter leur pays. Ils s'entrainent avec leurs moyens modestes. Maude, une française, vient les aider à atteindre leur but, mais, étant une femme, l'équipe de garçons l'accepte difficilement. Progressivement, on devine que Farroukh est en réalité une fille, elle est une "bacha poch", c'est-à-dire une fille élevée comme un fils dans les familles qui n'en ont pas. Elle grandit, à la puberté, elle doit redevenir une femme et porter une burqa. On comprend bien que changer de statut, passer de la liberté à la soumission va être très difficile pour Farroukh qui va faire tout son possible pour résister.

Il s'agit d'un roman faisant partie de la sélection pour le prix des collégiens de Haute-Savoie.

J'ai eu un grand coup de cœur pour ce roman de qualité. Il est publié dans une collection jeunesse (actes sud junior) mais les adultes peuvent y trouver leur compte car les mièvreries que l'on rencontre malheureusement souvent dans ces romans sont ici absentes. L'intrigue est passionnante, à aucun moment je ne me suis doutée de la manière dont allaient évoluer les événements. Tout au long de l'intrigue je me demandais si Farrukh, qui en réalité s'appelle Farrukhza, allait parvenir à échapper au  destin qu'on lui a tracé et si ses amis allaient un jour découvrir la vérité. La fin m'a beaucoup émue.
A partir de la deuxième partie, le roman alterne le récit à la troisième personne et le journal intime de Farroukhza, non seulement cela rythme le récit mais cela nous permet aussi de comprendre ce que peut penser ce personnage dans cette période particulièrement éprouvante de sa vie.
Le père de Farroukh est un féru de littérature française, les références aux œuvres de notre patrimoine sont donc nombreuses, je pense par exemple à La Promesse de l'aube. Les livres ont leur importance dans l'intrigue, une amoureuse des livres comme moi ne peut être que comblée. La réflexion finale sur la littérature m'a touchée, je ne peux pas la révéler mais en voici une autre que j'ai beaucoup aimée, elle se trouve dans le journal de l'héroïne : "Les livres ne parlent que de ça : de ceux qui se battent jusqu'à faire triompher leurs désirs, de ceux qui, malgré leurs efforts, ne réussissent pas à faire plier la réalité, ou de ceux qui baissent les bras sans lutter. De ces trois catégories, les seuls vraiment malheureux sont ceux qui n'essaient pas. Qui renoncent. Qui subissent."

Une Bacha Posh afghane
De plus, cette lecture m'a fait voyager en Afghanistan, j'avais l'impression d'y être réellement, de partager le quotidien des Afghans car l'auteure nous parle de ce pays avec une grande intelligence. Elle a su éviter les clichés et quand elle décrit la condition des femmes, l'écriture reste sobre, les faits sont condamnable d'eux-mêmes, inutile de jouer dans le pathos car la force du discours vient de la simplicité. Il est extrêmement difficile de traiter ce sujet mais Charlotte Erlih y parvient avec une grande finesse. J'ignorai l'existence du phénomène des Bacha Posh, cette lecture est donc très instructive et permet de réfléchir.
Enfin, l'écriture est fine, fluide, agréable à lire elle contribue à rendre ce roman un bijou ! Quel que soit votre âge, je ne peux que vous encourager à le lire.

Voici un extrait situé dans le troisième chapitre, on peut percevoir l'amitié entre Farrukh et Sohrab ainsi que la sensibilité de la jeune fille déguisée :

"Accroupi derrière le métier à tisser, Farrukh noue les franges d'un tapis qu'il vient d'achever. La base du kilim est d'un rouge sang, que rehaussent des motifs géométriques aux teintes plus vives - orange, jaune, vert et blanc. A la vue de cette pièce délicate, Sohrab siffle, admiratif. Tentant de dissimuler le rose qui lui monte aux joues, Farrukh se penche pour rouler le tapis.
Quelques instants plus tard, les deux amis ont quitté la boutique de Malyar. Le tapis sous le bras, ils slaloment entre les Kaboulis qui s'empressent de regagner leur domicile avant le couvre-feu. Le labyrinthe du quartier commerçant n'a pas de secret pour eux, et ils progressent avec assurance dans ce dédale de poussière ocre."




jeudi 27 juin 2013

Passe un ange noir - Anne Bragance

Andres Soriano est un vieux monsieur qui passe ses journées sur le banc d'un abribus. Il fait la connaissance de Milush, une adolescente rebelle de 15 ans qui prend le bus tous les matins pour aller au lycée. Les liens entre les deux personnages se tissent. A priori, tout les oppose : l'âge évidemment, et aussi la personnalité, mais des sentiments très forts d'amitié vont naître entre eux et chacun va illuminer la vie de l'autre. On rencontre aussi d'autres personnages tels que le chauffeur de bus Thouvenet, la mère de Milush et ses voisins Géraldine/Mathilde et Stéphane.

J'ai été tellement déçue par le style familier d' Anibal en dépit d'une belle histoire que j'ai eu envie de retenter un roman de l'auteure, afin d'essayer de changer d'opinion sur ce qu'elle écrit.
Ce qui est original dans Passe un ange noir est que la narration est prise en charge par chaque personnage à tour de rôle, cela nous permet donc d'accéder au point de vue de chacun (sauf de la mère de Milush qui n'est jamais narratrice, peut-être parce qu'elle est trop antipathique pour cela...). A chaque section, on change de narrateur mais il faut lire quelques lignes avant de comprendre qui parle, j'ai trouvé cela très intéressant, les premières lignes sont comme des voix brouillées qui s'éclaircicent peu à peu. Grâce à ce procédé d'écriture, les personnages sont tous bien caractérisés, par exemple, dès le début, on sent que Géraldine/Mathilde, malgré ses attitudes ridicules, éprouve un immense vide, une grande solitude. Elle est d'ailleurs le personnage qui m'a le plus touchée, sa personnalité est intéressante, elle a du mal à supporter les épreuves de la vie et ses réactions nous montrent à quel point elle souffre. Il s'agit du personnage qui a le plus de profondeur.
Dans cette histoire de rencontres, l'autre est celui qui fait naître le bonheur chez des personnages abîmés par la vie : Andres est traumatisé par ce qui est arrivé à sa sœur, Milush ne connait pas son père, Géraldine n'a pas d'enfant... Je pense que les jeunes lecteurs peuvent apprécier l'optimisme de ce roman mais personnellement, je n'ai pas été touchée, j'ai trouvé l'ensemble plutôt factice.
Concernant la langue, j'attendais un changement par rapport à Anibal. Je l'ai partiellement trouvé : le langage familier n'est plus exclusif. Chaque personnage s'exprime à sa manière : Milush utilise un langage familier, il en est de même pour le chauffeur de bus, mais Andres s'exprime généralement dans un langage courant ou soutenu. Cette variation permet de dynamiser le récit. Toutefois, je dois avouer que le langage familier de Milush, au lieu de "faire vrai", est artificiel. Quel adolescent d'aujourd'hui dit par exemple : "même la tête sur le billot, j'aurais rien moufté sur le chant du garçon noir et les confidences de grand-père Andres à propos de sa sœur." ? Cet argot dépassé ne m'a pas dérangée outre mesure mais étant très sensible à la langue, j'ai parfois été agacée.
En outre, les personnages ont parfois des réactions totalement invraisemblables, je pense en particulier aux rencontres un peu trop faciles pour être crédibles : on se croise sous la pluie et hop, on devient les meilleurs amis du monde ! Je ne savais pas que les rencontres pouvaient se faire aussi facilement, la prochaine fois qu'il pleut, je vais faire un tour dehors sans parapluie, on ne sait jamais ! On me rétorquera peut-être que l'optimisme du roman autorise ces facilités mais d'autres romans comme Profanes de Jeanne Benameur parviennent à éviter cet écueil.
Finalement, je ne suis toujours pas séduite par les romans d'Anne Bragance, pourtant, j'ai entendu des éloges sur son style, j'ai dû passer à côté... Cette auteure a écrit 37 romans mais je ne suis pas sûr de lire les 35 autres...

Voici le passage dans lequel Andres raconte sa rencontre avec Milush, nous sommes dans les premières pages du roman :

"Il y a aussi cette petite mignonne qui vient attendre sur le banc son bus pour le lycée. Chaque jour depuis la rentrée, nous bavardons un peu, nous faisons connaissance, nous nous apprivoisons. Le premier matin, après qu'elle s'est présentée, je lui ai demandé :
- Milush, c'est quoi ce prénom ?
Comme elle n'a pas la langue dans sa poche, la petite a répondu du tac au tac :
- Et Andres ? Vous croyez que c'est mieux ? Vous pourriez pas vous appeler André comme tout le monde ?
J'ai dit que depuis le temps, j'étais habitué à Andres, et que j'y tenais. Elle m'a rétorqué qu'elle n'avait que Milush à ma disposition. Il fallait que je m'en contente.
Voilà comment les présentations se sont faites entre la gamine et moi. Un peu vives quant au ton, mais faites. Elle, quinze ans et quelques poussières de semaines. Moi, pas loin des soixante-dix-huit. Je pourrais être son grand-père et même son arrière-grand-père : un drôle d'attelage que nous formons tous les deux."

mercredi 26 juin 2013

Le coeur n'est pas un genou que l'on peut plier - Sabine Panet et Pauline Penot

Ce roman jeunesse raconte l'histoire d'une famille d'origine sénégalaise. Ernestine est en 6e, sa classe présente à un concours une représentation de L'Ecole des Femmes de Molière, et sa grande sœur Awa est en 1eS et s'apprête à passer son épreuve de français au baccalauréat. L'été approche et les parents préparent une très mauvaise surprise pour Awa : ils ont prévu de l'emmener au Sénégal pour la marier. Evidemment, la jeune fille a construit toute sa vie ici, en France, elle a des amis, des projets et ne se voit pas mariée à 16 ans, qui plus est avec un homme qu'elle ne connait pas et donc qu'elle n'aime pas.Tante Dado décide de s'en mêler, aidée de la petite Ernestine et même du professeur de français, Marcel Mérindol, mais convaincre Khalidou, le père, ne sera pas simple car l'honneur de la famille est en jeu.

Ce roman, qui fait partie de la sélection pour le prix littéraire des collégiens de Haute-Savoie est assez plaisant, l'histoire est bien construite et prenante, j'avais envie de savoir comment Awa allais s'en sortir. De plus, j'avoue que c'est la première fois que je lis un roman dont le personnage porte le même prénom que moi ! C'était un peu bizarre au départ mais je m'y suis faite ! Chose un peu stupide, j'étais curieuse de savoir si cette Awa allait me ressembler ou pas, mais la psychologie des personnages étant assez simple, je ne m'y suis pas particulièrement retrouvée.
Un des thèmes abordés est évidemment la condition féminine, ce rappel avec L'Ecole des femmes jouée par Ernestine est judicieux. Le deuxième thème qui me paraît important est l'identité : Awa est née et vit en France mais ses origines sont ailleurs, où et comment se positionner ?
Je pense que ce roman pourrait être proposé à des adolescents qui ont quelques difficultés de lecture car il est simple, agréable à lire et l'intrigue ne présente pas de complexité particulière. En revanche, j'émettrais deux réserves. La première est très concrète : comme les protagonistes sont d'origine sénégalaise, on rencontre de nombreux mots dialectaux, or, l'édition ne présente ni notes ni glossaire, ce qui est très embêtant ! comment savoir ce qu'est le "Fouta" ou un "thiéboudienne" ? Il faut donc avoir internet à portée de main lors de la lecture, ce qui n'est pas très agréable. Les élèves se découragent parfois vite, pour éviter les "pff...c'est nul, y'a plein de mot qu'on comprend pas !", je serai obligée de palier à ce manque et de préparer moi-même un glossaire. Ma deuxième réserve porte sur l'histoire en elle-même, les clichés sur la famille africaine m'ont parfois agacée : le père qui parle à peine français, la mère avec son bébé toujours accroché à elle etc. rien de très moderne dans cette famille... Heureusement, Malick, le "futur mari", est ultra-branché et vient contrebalancer ces clichés.

Voici un extrait du "prélude" :

"Il était un peu plus de cinq heures quand Agathe et Awa arrivèrent devant les grilles fermées du Panthéon. La nuit s'éclaircissait. Awa s'assit sur le trottoir et déplia ses jambes longilignes. Dans son dos, les majuscules dorées du frontispice proclamaient :
"AUX GRANDS HOMMES :
LA PATRIE RECONNAISSANTE"

- Tu penses à ce que je pense ? gloussa Agathe en se laissant tomber à côté d'elle.
La rue Soufflot déserte faisait comme un toboggan vers le Luxembourg, pile dans l'axe du lever du soleil.
- Carrément. Je regarde la bibliothèque Sainte-Geneviève et je me dis : plus qu'un an et demi, et on y sera. On sera étudiantes, on aura notre carte, un numéro de place avec un sous-main en cuir dans la salle à l'étage. J'ai vu des photos, c'est énorme. Derrière, c'est la Sorbonne. Et juste là-bas, tu vois, à côté de l'église ? C'est le lycée Henri-IV. C'est H4."

dimanche 23 juin 2013

La Falaise - Marie-Florence Ehret

Océane et Agathe sont deux adolescentes de 13 ans, elles sont en 4e. Elles sont toutes les deux amoureuses du même garçon, Mounir, en 3e. Bien qu'elles soient en froid, elles font ensemble leur jogging quotidien sur le chemin des contrebandiers, en haut de la falaise. C'est alors qu'une dispute éclate, le ton monte, Agathe fait un faux pas et tombe de la falaise... Dans le village, Paul, un jeune schizophrène vit dans une cabane avec sa chatte Schizo, il devient le coupable idéal. Le lieutenant Martine Chartres mène l'enquête.

Ce roman policier jeunesse est très agréable à lire. L'histoire est prenante car on sait depuis le début que Paul est innocent et on se demande s'il va s'en sortir car il a avoué le meurtre qu'il n'a pas commis tout simplement parce qu'il avoue tout ce qu'on lui demande. Le personnage d'Océane est très intéressant : je me suis demandé au début pourquoi elle n'avait aucune réaction à l'annonce de la mort de son amie : est-elle folle ? manipulatrice ? le choc la plonge-t-elle dans le déni ? Je l'ai trouvée extrêmement antipathique mais, comme souvent chez ces adolescentes ultra maquillées et froides d'apparence, il y a une faille. Le lieutenant Chartres perçoit cette faille sans trop savoir à quoi elle correspond mais on la comprendra à la fin du roman. Concernant cette faiblesse chez Océane, ne vous attendez pas à quelque chose de convenu, de facile à deviner, Marie-Florence Ehret est suffisamment subtile pour ne pas tomber dans les clichés. J'ai donc eu du mal à m'attacher à Océane, mais, à l'instar du lieutenant Chartres, je l'ai trouvé touchante à la fin.
Au contraire, je me suis d'emblée attachée à Paul, le jeune garçon schizophrène que tout le village accuse, forcément, celui qui est différent est le coupable idéal... La relation qu'il entretient avec sa chatte nommée Schizo est émouvante, elle est tout pour lui. Les chats ont une grande importance dans le roman. Ceux qui, comme moi, les aiment passionnément, seront d'autant plus touchés.
Du point de vue de la forme, j'ai beaucoup aimé la présentation des chapitres dont les titres sont les premiers mots de la première phrase. Par exemple, le titre du chapitre 8 est "Après la crise de la veille et sa nuit blanche, Paul est allé au jardin...", on tourne la page et on peut lire la suite : "...Il n'avait toujours pas envie de dormir." Quant au style de l'auteur, il est fluide et agréable à lire.

Il s'agit d'un roman faisant partie de la sélection 2013-2014 du Prix littéraire des collégiens de Haute-Savoie auquel participeront mes 3e (je m'apprête donc à vivre une année très riche entre ce prix dans le cadre de mon travail et évidemment le prix Elle auquel je participe de mon côté !)

Voici les premières lignes du roman :

"Le Chemin des contrebandiers, dit aussi chemin des douaniers, c'est selon, est presque toujours désert. Rares sont les habitants de Sassetard-le-Mauconduit qui viennent s'y promener. Ils préfèrent le parking du supermarché ou leur jardin bien abrité. Il est vrai que le chemin est étroit et que le vent souvent souffle fort. La mer a toujours l'air un peu en colère. Les mouettes se laissent déporter et reviennent à force d'ailes tourner au-dessus des vagues à la recherche de quelque chose à mettre dans le bec. Parfois un pan de terre s'effondre et glisse rejoindre les rochers, un bloc de falaise se détache et se brise. C'est arrivé à l'automne dernier, juste au dessus de la plage des Estrelles. Heureusement, il n'y avait plus personne en dessous ce soir-là. Pourtant la vue qui s'offre du haut de cette falaise abrupte, dressée face à l'horizon est une merveille. Le soleil y joue tous les jours son grand spectacle de lumière et d'ombre, en complicité avec la mer, le vent et les nuages, immuables dans leur mouvement perpétuel, mais rares sont ceux qui savent s'en réjouir."

Voici deux liens, l'un vers le blog de l'auteure l'autre vers son site.

jeudi 20 juin 2013

Le gourmet solitaire - Jirô Taniguchi et Masayuki Kusumi

Le personnage principal exerce la profession de représentant. Il parcourt la ville de Tokyo et ce manga raconte ses trajets et ses repas. On ne sait quasiment rien de lui, hormis sa profession et son goût pour la bonne cuisine, mais on le suit et petit à petit, on apprend à faire (un peu) sa connaissance.

Encore un manga de Taniguchi ! Celui-ci m'a été prêté par un collègue à qui je racontais à quel point j'avais aimé Quartier Lointain. Celui-ci est dessiné par Taniguchi mais l'histoire est de Mazayuki Kusumi. Ce manga est vraiment original car, finalement, il n'y a pas d'histoire mais on peut profiter de cette lecture pour s'intéresser à la société japonaise, j'ai appris pour ma part une foule de petites choses, en particulier sur les plats japonais et aussi, entre autres, sur les relations entre les gens. Bon, c'est vrai, on ne peut pas le comparer à d'autres mangas de Taniguchi car il n'a ni la poésie ni les rebondissements des autres œuvres de cet auteur mais il permet de passer un agréable moment.
Un petit conseil : évitez de faire comme moi et de le lire quand vous avez faim ...

mardi 18 juin 2013

Anibal - Anne Bragance

Edgar, que tout le monde appelle Sweetie, est un adolescent de 12 ans qui n'aime pas l'école et qui est têtu et dissipé. Il est passionné par les fleurs et passe son temps à les cultiver et les admirer. Ses parents, Lolly et Hugues, qui travaillent dans le cinéma, ne voient pas cette passion d'un bon œil, surtout Hugues pour qui Sweetie risque de se transformer en "tante", le jeune garçon, qui est le narrateur, ne comprend pas bien ce que cela veut dire. Les relation entre Sweetie et ses parents sont donc tendues. Aussi, quand ceux-ci annoncent qu'ils ont adopté un petit Péruvien, il se sent rejeté et fait un très mauvais acceuil au petit Anibal, 5 ans. Mais petit à petit, l'adolescent et le petit garçon font connaissance et des sentiments très forts naissent entre eux. Tout pourrait aller pour le mieux mais Anibal, habitué à l'altitude de son Pérou natal, ne s'accoutume pas à Saint-Jean-Cap-Ferrat et développe des problèmes respiratoires. Sweetie va alors tout faire pour le sauver...

Cette histoire d'amitié, de fraternité entre Sweetie et Anibal est très belle. L'auteure parvient à exprimer la naissance des sentiments dans le cœur d'abord hostile de l'adolescent. Certains passages sont très émouvants. Quant aux parents, ils sont détestables, surtout Hugues qui ne semble porter aucun sentiments à son propre fils et qui voudrait bien renvoyer Anibal au Péron, parce que, finalement, il est dérangeant... Lolly a une personnalité plus complexe, on sent qu'elle aime ses deux garçons mais elle est tellement soumise à Hugues et tellement accaparée par son travail qu'elle en oublie ses véritables sentiments. Malgré quelques invraisemblances, l'histoire est donc très belle.
La narration est entièrement prise en charge par Sweetie. On perçoit donc son regard naïf sur le monde, il est attendrissant. Cependant, il n'utilise que le langage familier et ceci m'a gênée dans ma lecture. Je comprends bien sûr qu'il s'agit d'un adolescent un peu rebelle et donc qu'il serait peu vraisemblable de le faire parler en langage soutenu mais la répétition à outrance des "malgré que" m'a exaspérée. J'aime lire les romans dont la langue est élégante (c'est une des choses qui m'a plus dans Vingt-quatre heures de la vie d'une femme), au contraire, le langage familier a tendance à me faire fuir.
Les principaux ingrédients (sensibilité, intrigue, psychologie des personnages) étaient donc réunis pour que ce roman soit un coup de cœur mais la langue a gâché mon plaisir...

Voici un extrait situé au début du roman quand Sweetie nous présente ses parents :

Lolly et Hugues -c'est mon père- travaillent dans le cinéma. J'sais pas au juste ce qu'ils font, vu que leurs tronches apparaissent jamais sur un écran. Souvent, on projette des films à la maison et quand les noms des gens défilent au début, Lolly les montre du doigt pour m'obliger à lire le sien et celui de mon père. Après, j'attends, je me dis que Hugues va se pointer et serrer la pince à Delon, ou peut-être que maman entrera dans une chambre avec Charlie Bronson et se désabillera devant lui. Toujours je suis déçu, et toujours Lolly se moque de moi. Elle me répète pour la millième fois qu'ils ne sont pas des acteurs. Quoi alors ? Elle dit : "C'est trop compliqué, tu comprendras plus tard."

jeudi 13 juin 2013

Olivia Reine des Princesses - Ian Falconer

 
Pour la neuvième lecture dans le cadre du challenge  "Je lis aussi des album" de Hérisson , ma choupette et moi vous présentons l'album Olivia Reine des Princesses de Ian Falconer. Dans la lignée de l'album précédent (Boucle d'ours), celui-ci parle de déguisement, de princesse et d'identité, mais cette fois, le personnage principal est une fille, une petite cochonne nommée Olivia. Son problème est que toutes les filles veulent se déguiser en princesses et que donc, elle, Olivia, n'est pas unique. Ses parents lui expliquent qu'elle peut être une princesse différente : une princesse indienne, thaïlandaise, africaine ou chinoise. Mais cela ne convient pas à Olivia, elle veut être différente...mais en même temps, on sent bien qu'elle aime les princesses. A force de réfléchir, elle finit par trouver, elle va se déguiser en ... reine !


Il s'agit d'une jolie histoire qui permet aux enfants de réfléchir sur l'identité et sur ce qui fait que chacun de nous est unique. Le personnage d'Olivia est très attachant et la fin est drôle et bien trouvée : finalement, en se déguisant en reine, Olivia affirme son individualité tout en appartenant à son groupe d'amies car les reines et les princesses appartiennent au même univers, avec une différence malgré tout : Olivia est plus ambitieuse que ses amies, d'où le titre "Olivia Reine des Princesses".
En revanche, j'ai été déçue par les illustrations, je les trouve un peu sombres pour un livre d'enfant., j'aime les albums très colorés. Toutefois, cela n'a pas dérangé ma choupette.



mardi 11 juin 2013

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme - Stefan Zweig

 En 1904, le narrateur se trouve dans une pension bourgeoise sur la Côte d'Azur. C'est alors qu'il apprend lors d'un dîner que Madame Henriette, épouse réputée vertueuse d'un des pensionnaires, a tout quitté pour partir avec un jeune homme qu'elle avait rencontré la veille. On imagine bien le scandale. Cependant, le narrateur aimerait comprendre ce qui s'est produit. Madame C..., "la vieille dame anglaise aux cheveux blancs et pleine de distinction" va lui permettre de comprendre que quelques heures ont pu suffire à Madame Henriette pour prendre sa décision de partir. Elle lui donne rendez-vous dans sa chambre et lui raconte sa propre histoire : une rencontre a bouleversé sa vie en l'espace de vingt-quatre heures. Le roman est donc l'histoire de sa rencontre au Casino avec un homme... Je n'en dis pas plus...

Il y a quelques années, j'ai lu Le joueur d'échec de Stefan Zweig, une œuvre magistrale. J'avais donc très envie de lire une autre œuvre de cet auteur.
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est un roman très court, comme souvent chez Zweig, pour lequel j'ai eu un coup de cœur. L'histoire est prenante, on sait dès la lecture du titre que l'histoire entre Mme C... et l'homme qu'elle a rencontré, ou du moins que le bouleversement dans la vie de cette femme, ne va durer que vingt-quatre heures, les événements s'enchaînent donc très rapidement et j'avais envie de savoir comment allait évoluer leur relation. A la fin de ce roman, on comprend, à l'instar du narrateur, qu'en quelques heures, une vie peut être chamboulée et que Madame Henriette a sans doute vécu une passion foudroyante. J'ai beaucoup aimé le personnage de Madame C..., intelligente, fougueuse et passionnée. Je ne vais évidemment pas révéler la fin mais je vais juste préciser que j'ai été très émue par la chute.
Il n'y a pas que l'histoire qui m'a plu : j'ai aussi été conquise par l'élégance de l'écriture de Stefan Zweig (et du très beau travail de traduction qui a été fait - contrairement au livre de mon billet précédent...). L'écriture est fluide, élégante, on entend parler la très distinguée Madame C..., son langage est riche, élaboré mais en même temps parfaitement compréhensible par tous, cela est un pur plaisir pour nous, lecteurs.
Dans l'édition du livre de poche, le roman est suivi d'une présentation de la vie et de l'œuvre de l'auteur par Isabelle Hausser. Ainsi, on apprend par exemple que Zweig doutait de la légitimité de sa réussite littéraire.
J'ai maintenant très envie de poursuivre ma découverte de cet auteur avec par exemple Lettre d'une inconnue ou la biographie de Marie-Antoinette qui me permettrait de découvrir une autre facette de cet auteur talentueux. A suivre ...

Voici un extrait du roman. Madame C... vient de débuter son récit :
"La seconde année de mon veuvage, c'est-à-dire dans la quarante-deuxième année de ma vie, au cours de cette fuite inavouée devant l'existence désormais sans intérêt pour moi, et pour essayer de tuer le temps, je m'étais rendue, au mois de mars, à Monte-Carlo. A parler sincèrement, c'était pas ennui, pour échapper à ce vide torturant l'âme qui met en nous comme une nausée et qui voudrait tout au moins trouver une diversion dans de petits excitants extérieurs. Moins ma sensibilité était vive en elle-même, plus je ressentais le besoin de me jeter là où le tourbillon de la vie est le plus rapide : quelqu'un qui n'éprouve plus rien ne vit plus que par les nerfs, à travers l'agitation passionnée des autres, comme au théâtre ou dans la musique.
C'est pourquoi j'allais souvent au Casino."


 

dimanche 9 juin 2013

Boucle d'Ours - Stéphane Servant et Laetitia Le Saux


Voici la huitième lecture de ma choupette et moi dans le cadre du challenge  "Je lis aussi des album" de Hérisson. Il s'agit de l'album Boucle d'Ours de Stéphane Servant (auteur) et Laetitia Le Saux (illustratrice).
Ce soir, c'est le grand carnaval de la forêt, tous les animaux doivent se déguiser. Dans la famille ours, chacun se prépare : Papa Ours veut se déguiser en grand méchant loup, Maman Ours sera en Belle au bois dormant et Petit Ours, lui, veut se déguiser en Boucle d'Ours. Quand il entend cela, Papa Ours s'oppose fermement au choix de son fils. En effet, il n'est pas question qu'il se déguise en fille car, selon lui, les jupes roses et les couettes sont "pour les filles, les oursonnes, les femmelettes, les cacahouètes, les hommelettes". A la fin de l'histoire, le Grand Méchant Loup qui s'est déguisé en Chaperon Loup intervient "T'as quelque chose contre les jupes et les couettes ?" Papa Ours est bien obligé de faire marche arrière et de se déguiser en...Cendrillours !!! et il est très beau ainsi !

Ma choupette et moi aimons beaucoup cet album. Ma choupette adore quand Papa Ours se met en colère et que Petit Ours refuse de changer d'avis "Non, non et non, ze veux me déguiser en Boucle d'Ours", et moi j'aime beaucoup cette histoire qui met à mal les clichés sur les filles et les garçons. Cet album peut donc se lire à différents âges : les plus petits riront de l'obstination des deux personnages et les plus grands réfléchirons sur les conventions sociales et les préjugés. J'ai aussi beaucoup aimé les jeux sur les noms "Boucle d'Ours", "Cendrillours"...
Enfin, les illustrations sont belles et mettent bien en évidence les sentiments des personnages.
Bref, c'est un coup de cœur pour nous deux !


vendredi 7 juin 2013

Des nouvelles du Mexique

 
Voyageons un peu et partons pour le Mexique !
 
Des nouvelles du Mexique est, comme son nom l'indique, un recueil de nouvelles d'auteurs mexicains. J'ai beaucoup aimé le fait que chaque nouvelle soit précédée d'une présentation de son auteur car mes connaissances en littérature mexicaine sont nulles ! J'ai ainsi pu découvrir par exemple Antonio Sarabia, auteur important de la littérature ibéro-américaine qui s'intéresse aux sujets historiques et qui aime revisiter les mythes. De ce point de vue, l'édition est donc particulièrement bien faite.
En revanche, un élément a totalement gâché ma lecture, il s'agit de la traduction. Je ne connais pas un mot d'espagnol et je ne connais pas non plus le style des auteurs mais, j'exagère à peine, certaines phrases me donnaient l'impression d'avoir été traduites par la traduction Google, l'emploi des temps m'a parfois choquée : on passe du présent au passé composé puis au passé simple sans raison.

Quand aux histoires, elles sont extrêmement variées, j'ai par exemple assez bien aimé celle d'Antonio Sarabia intitulé : La Mousse sur la pierre. Le narrateur a dix-sept ans, tous ses amis sont "casés" mais pas lui. Il s'invente alors une petite amie : "Maria Inès", il élabore un stratagème complexe pour que tout le monde croie à l'existence de la jeune fille, tout va bien fonctionner jusqu'au jour où...
Ce qui m'a déçue dans ces nouvelles mexicaines est qu'elles se terminent souvent brutalement, un peu en queue de poisson. Quand je lis des nouvelles, j'attends une chute (je pense par exemple aux nouvelles d'Eric Emmanuel Schmitt, ou à Pauvre petit garçon de Buzzati...), mais dans ces textes, la notion de "chute" n'est pas présente, j'ai été un peu déstabilisée à chaque fois que je terminais une nouvelle, mais pas dans le bon sens, je restais sur ma faim à chaque fois.

Ainsi, malgré la présentation intéressante des auteurs, je n'ai pas été emballée par ce recueil que je n'ai d'ailleurs pas terminé.

Voici le début de La Mousse sur la pierre :
"Maria Inès fut tout ce que -avec nos dix-sept ans à peine - je pouvais demander ou connaître chez une femme. Les formes délicates de son corps adolescent satisfaisaient mes impératifs esthétiques encore pudiques et, en même temps, éperonnaient mes désirs les plus obscurs. Elle avait une bouche petite et bien formée aux lèvres exquises, les yeux et les cheveux d'un noir intense qui contrastaient avec la blancheur lisse de son visage. J'ajoute que Maria Inès n'a jamais existé."

mercredi 5 juin 2013

Grand prix des lectrices Elle 2014, j'en suis !!!!


Je n'y croyais plus et puis en ouvrant ma boite aux lettres, j'ai vu une enveloppe marron, une publicité ? non, qu'est-ce que ça peut être ? j'ai alors regardé le cachet de la poste pour voir la provenance : "Asnières, Hauts de Seine", qui peut bien m'écrire de la région parisienne ? ça ne peut être que ... qu'"elle"... "non, ce n'est pas possible" me suis-je dit. J'ai alors, un peu fébrile, ouvert l'enveloppe alors que ma choupette trépignait d'impatience pour aller faire du toboggan, et j'ai vu le petit logo rose que je connais bien ! Ouaouh ! J'ai alors réalisé que les dix mois à venir allaient être mémorables, que j'allais vivre une belle et enrichissante expérience.
Je fais partie du jury de novembre, c'est à dire que je recevrai 7 livres fin juillet à commenter pour le 17 septembre, pendant les grandes vacances, c'est parfait pour moi ! Ensuite, j'aurai 3 livres par mois à commenter, ceux qui auront été choisis par les jurées des autres mois.
Bien entendu, je ne manquerai pas de vous faire part ici de mes lectures !

mardi 4 juin 2013

Un ciel radieux - Jirô Taniguchi

Ce manga raconte l'histoire de Kazuhiro Kubota, père de famille et employé surmené au volant d'une camionette et Takuya Onodéra, un jeune motard. Ils se percutent violemment sur la route. Après quelques jours de coma, Kazuhiro meurt, son âme monte au ciel mais parvient à redescendre sur terre. Tout irait pour le mieux mais son âme se retrouve (par erreur ou pas...) dans le corps de Takuya. Cette situation incroyable va permettre aux deux personnages fondus en un seul de comprendre ce qui compte dans leurs vies respectives.

Après ma découverte de Quartier Lointain, j'ai eu très envie de poursuivre avec une nouvelle œuvre de Jirô Taniguchi. On retrouve dans Un ciel radieux des thèmes déjà présents dans Quartier Lointain, en particulier ceux de la conscience et du corps, des rapports entre les générations ainsi que de la famille. L'auteur a une imagination incroyable pour inventer une telle histoire ! De plus, la présence de deux consciences dans un même corps est très habilement dessinée.  J'ai lu ce manga quasiment d'une traite tellement j'ai été happée par l'intrigue. La psychologie des personnages est intéressante et en plus de cela, il y a de l'action, bref, on ne peut pas s'ennuyer une seconde ! Toutefois, j'ai préféré Quartier Lointain car même si l'intrigue est moins trépidante, elle est plus complexe et subtile.


lundi 3 juin 2013

Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Vigan

Dans ce livre, Delphine de Vigan nous parle de sa mère, Lucile. Grâce aux témoignages des membres de sa famille, elle peut raconter l'enfance de sa mère : celle-ci est issue d'une famille nombreuse qui a connu plusieurs drames. Puis Lucile a grandi, s'est mariée et a eu deux filles : Delphine puis Manon. Une vie qui semble ordinaire mais Lucile était malade, on nomme les personnes comme elle "bipolaires" ou "maniaco-dépressives". Lucile l'était à un degré élevé. Delphine nous raconte l'histoire de sa mère, qui est aussi la sienne...

Autant le dire tout de suite : j'ai adoré ce livre. Ecrire sur sa mère est un exercice difficile, de nombreux écrivains l'ont fait avant Delphine de Vigan (je pense en particulier au magnifique roman de Romain Gary, La promesse de l'aube, ou à Albert Cohen et Le Livre de ma mère). Qu'allait apporter cette jeune auteure ? Ne risquait-elle pas de tomber dans certains clichés ? N'était-ce pas délicat et impudique de parler de la maladie psychiatrique de sa mère ? La plume de Delphine de Vigan évite tous ces écueils : je n'ai trouvé aucun cliché, de plus, elle raconte l'histoire de sa mère avec beaucoup de pudeur et de respect. On sent à la lecture de son récit tout l'amour qu'elle lui porte, elle ne juge pas sa mère, elle raconte des faits et parfois explique qu'elle les a compris bien plus tard (j'ai été très touchée par exemple à la fin du roman quand tout le monde se retrouve et que Lucile reste en haut dans la chambre, Delphine, sur le moment, est agacée, elle le fait savoir à sa mère, redescend et ce n'est qu'après qu'elle comprend l'attitude de sa mère : "Longtemps cette idée m'a obsédée : je n'ai pas été au bon endroit". Les remords sont exprimés brièvement, sobrement mais avec beaucoup de force). A plusieurs reprises, l'auteure fait une pause dans sa narration pour nous livrer ses sentiments, ses doutes au moment de l'écriture, on comprend à ce moment-là toute la difficulté qu'elle a dû éprouver mais on comprend aussi pourquoi elle devait le faire : "Je perçois chaque jour qui passe combien il m'est difficile d'écrire ma mère, de la cerner par les mots, combien sa voix me manque."
C'est donc un récit touchant qui m'a beaucoup émue, c'est un gros coup de cœur pour moi, merci Anne de m'avoir offert ce livre !

J'ai envie cette fois-ci de citer non pas un mais deux extraits de ce roman.
Voici tout d'abord les premières lignes :
"Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tâchées d'encre, au pli des phalanges.
Ma mère était morte depuis plusieurs jours.
J'ignore combien de secondes voire de minutes il me fallut pour le comprendre, malgré l'évidence de la situation (ma mère était allongée sur son lit et ne répondait à aucune sollicitation), un temps très long, maladroit et fébrile, jusqu'au cri qui est sorti de mes poumons, comme après plusieurs minutes d'apnée. Encore aujourd'hui, plus de deux ans après, cela reste pour moi un mystère, par quel mécanisme mon cerveau a-t-il pu mettre tant de temps à accepter l'information qui gisait devant lui ? Ce n'était pas la seule interrogation que sa mort m'a laissée."

Voici maintenant un second passage situé quelques pages plus loin dans lequel l'auteur parle de son écriture :
"Je ne sais plus quand est venue l'idée d'écrire sur ma mère, autour d'elle, ou à partir d'elle, je sais combien j'ai refusé cette idée, je l'ai tenue à distance, le plus longtemps possible, dressant la liste des innombrables auteurs qui avaient écrit sur la leur, des plus anciens aux plus récents, histoire de me prouver combien le terrain était miné et le sujet galvaudé, j'ai chassé les phrases qui me venaient au petit matin ou au détour d'un souvenir, autant de débuts de romans sous toutes les formes possibles dont je ne voulais pas entendre le premier mot, j'ai établi la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter à moi et les risques non mesurables que j'encourais à entreprendre un tel chantier.
Ma mère constituait un champ trop vaste, trop désespéré : trop casse-gueule en résumé."


dimanche 2 juin 2013

Bilan du mois de mai


Nous sommes déjà en juin, il est temps de dresser le bilan du mois de mai écoulé.
J'ai été moins présente sur ce blog et j'ai beaucoup moins lu que d'habitude (beaucoup de travail et beaucoup de fatigue, comme souvent en mai), j'ai mis un temps fou à lire le roman de Werber, je ne l'ai d'ailleurs pas terminé... En revanche, j'ai parlé de mes sorties : je suis allée au théâtre et au salon du livre de Genève, mon blog a donc pu être un peu différent ce mois-ci. Voici le bilan :
- 10 billets publiés
- 2 sorties au théâtre
- 1 visite du salon du livre de Genève.
- J'ai lu 6 livres : 1 album jeunesse (avec ma choupette pour le challenge "Je lis aussi des album"), 2 BD (depuis ma lecture de Quartier Lointain, je prends beaucoup de plaisir à découvrir ce genre qui m'était jusque là quasiment inconnu), 3 romans (ou plutôt 2 1/2 car celui de Werber m'est tombé des mains).

J'ai eu ce mois-ci trois coups de cœur, ils portent sur les deux pièces de théâtre que j'ai vues à la Maison des Arts Thonon-Evian (Circoluna et Terres ! ) et sur la BD Cœur de pierre. Comme mon intention est de désigner fin décembre mon coup de cœur 2013 et qu'il m'est impossible de comparer un livre et un spectacle, je décerne mon coup de cœur du mois à Cœur de pierrequi m'a touchée par la poésie de l'histoire et des dessins.