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dimanche 15 décembre 2013

La nostalgie heureuse - Amélie Nothomb

Comme tous les ans, Amélie Nothomb sort un roman pour la rentrée littéraire. 2013 ne fait pas exception et l'auteure à succès nous propose cette fois un texte autobiographique : dans le cadre d'un reportage télévisé, Amélie Nothomb retourne au Japon. Elle retrouve la ville où elle a grandi, sa nourrice et premier amour.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu de livre d'Amélie Nothomb, ces derniers romans m'avaient lassée, mais celui-ci me tentait malgré tout et il m'a été offert. J'ai donc abordé cette lecture avec enthousiasme car elle allait me changer des livres que je lis pour le prix ELLE.

Dans ce texte, on retrouve l'autodérision que l'on connait dans Stupeur et tremblement mais il n'y a aucune trace de certains aspects de ses précédents romans (en particulier le côté loufoque exacerbé et l'invraisemblance de certaines histoires). J'ai trouvé, bien au contraire, une certaine retenue dans la narration. J'ai beaucoup aimé les retrouvailles entre Amélie et sa gouvernante Nishio-san, on y découvre l'auteure pleine d'hésitations, ne sachant pas comment réagir ni comment exprimer les sentiments qui la submergent : "La porte s'ouvre, je vois apparaître une très vieille dame qui mesure un mètre cinquante. Nous nous regardons d'abord avec terreur. Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
[...] Je lui montre la caméra et lui demande si cela la dérange. Elle reprend sa litanie d'excuses, je la comprend très bien, ce que j'éprouve est pareil : nous sommes si gênées que la présence d'une caméra n'y change rien."

J'ai aussi aimé les moments où l'auteure nous fait part de son travail d'écriture : "Toute personne qui débarque dans la plus belle ville du monde est tentée de prononcer quelque solennelle sottise. La tentation est encore plus forte quand on écrit à ce sujet. Mais ne pas consacrer un mot à la plus belle ville du monde serait une ineptie. Bref, me voilà bien dans l'entre-deux des choix stupides." S'en suit une tentative de description de Kyoto : "Certes, Tokyo est quatre milliards de fois plus moderne que Kyoto, mais c'est sa vocation de capitale et elle la maîtrise. Kyoto donne une impression de schizophrénie : la juxtaposition des époques y crée d'énormes différences de potentiel sans qu'aucun échange entre elles ne paraissent possible. Imaginez une ville qui soit à la fois aussi mystique et sublime que Pagan, aussi riche et bourgeoise que Bordeaux, aussi technologique et chaotique que Seattle : pour autant qu'une telle mixture soit imaginable, c'est ce qui évoque le mieux Kyoto." Non seulement l'écrivain décrit ses doutes et la difficulté que l'on peut avoir à décrire un lieu indescriptible mais en plus, elle nous fait voyager.
En revanche, un passage m'a particulièrement agacée, c'est celui où l'auteure visite son ancienne école et rencontre les institutrices : "Nous nous asseyons sur des chaises d'enfants. J'avise des ouvrages de couture et je m'exclame que j'en avais un pareil de mon temps. La dame propose poliment de constater les progrès que j'aurais pu effectuer ces quarante dernières années. Comme le ridicule ne tue pas, je commence à broder une fraise au gros fil rouge. La caméra n'en perd pas une miette. Une voix murmure en moi : "Tu as écrit de ton mieux des romans que tu espérais riches de sens, et voici ta récompense." Je n'en tire pas moins l'aiguille avec application. La puéricultrice me félicite. Je ris pour ne pas crever de honte." Non seulement Amélie Nothomb a une haute opinion d'elle-même, certains de ses romans m'ont plu, mais le qualificatif "riche de sens" me paraît bien présomptueux et son attitude est plutôt hautaine. Finalement, cet aspect du personnage est toujours présent dans ses livres, dommage...

Voici, pour terminer, une vidéo très intéressante dans laquelle l'auteure explique la perception différente qu'on les Occidentaux et les Japonais de la nostalgie.
http://www.youtube.com/watch?v=vbofjIk6PRU




samedi 7 décembre 2013

La maison des absents - Tana French



Dans son polar La maison des absents, l’auteure irlandaise Tana French nous emmène à Broken Harbour, non loin de Dublin. Ce village avait tout pour devenir un lieu paisible pour ses habitants, mais la crise est passée par là, le promoteur a fait faillite et le chantier a été abandonné. Quelques familles y vivent malgré tout, les Spain font partie de ceux-là. Un jour, le père et les deux enfants sont retrouvés assassinés, la mère est entre la vie et la mort. L’inspecteur Kennedy et son jeune coéquipier Richie mènent l’enquête.
J’ai beaucoup aimé ce roman pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, l’inspecteur Kennedy est le narrateur et nous livre ses réflexions parfois désabusées sur son métier. Certaines d’entre elles peuvent surprendre voire déranger certains lecteurs mais pour ma part, j’ai aimé le ton et le côté provocateur de ce personnage. Il forme une équipe de choc avec Richie, son opposé. L’association de l’expert et du débutant fonctionne souvent et c’est aussi le cas avec ce roman. La psychologie des personnages est construite avec beaucoup de finesse, que ce soit celle des inspecteurs que celles des victimes et des autres personnages. J’ai aussi beaucoup apprécié le fait que les inspecteurs soit des personnages humains avec leurs qualités et leurs faiblesses et que, par moment, ils se trouvent en difficulté. Cela m’a permis de m’identifier à eux et de me plonger complètement dans cette histoire terrifiante.
De plus, Tana French a l’art de délivrer les informations au compte-goutte. Tout au long de la lecture, on se demande ce qui s’est réellement passé et on ne peut plus lâcher le livre. Il est tellement prenant que les pages se tournent toutes seules ! Le style est fluide et très agréable à lire. Je n’ai trouvé aucune longueur, à aucun moment je ne me suis ennuyée. La Maison des absents est un roman policier tel que je les aime : prenant et agréable à lire.



mercredi 4 décembre 2013

Tout ce que je suis - Anna Funder


Le roman Tout ce que je suis, d’Anna Funder, nous raconte l’histoire de quatre Allemands, Ruth, Hans, Ernst et Dora, exilés en Angleterre, qui vont mettre tout en œuvre pour prévenir le monde du danger que représente Hitler.
Les romans sur la seconde guerre mondiale et sur le nazisme sont légions, j’en ai déjà lu un certain nombre et c’est avec un sentiment de lassitude, de « déjà vu » que j’ai abordé ce roman.  Heureusement, mes aprioris ont été contredits ! Non seulement l’histoire est intéressante, j’avais envie de connaître le destin des quatre personnages, mais la narration est aussi très originale ! Les récits s’entrecroisent, Ruth et Toller alternent leur narration et, ce qui est époustouflant dans la construction de l’intrigue, c’est que les époques se croisent. Cela est déstabilisant, mais après quelques confusions, j’ai non seulement pris l’habitude mais petit à petit, j’ai de plus en plus apprécié ce procédé d’écriture. De plus, bien que ce roman reprenne un thème ultra-connu, il parvient à être original  car on a tendance à oublier que les Allemands aussi ont résisté. En lisant ce roman, on apprend énormément de chose sur cette période noire de l’histoire, je n’ai bien sûr pas vérifié la véracité de ses affirmations mais tout pousse à croire qu’Anna Funder a fourni un immense travail de recherche.
Un bémol important toutefois : certains passages m’ont paru très longs, l’action avait, à plusieurs reprise, du mal à se mettre en place. L’ensemble manquait, à mon sens, de dynamisme. C’est dommage car ce roman a de nombreuses qualités. Au final, mon bilan est plutôt négatif car même si le roman est instructif et le traitement du thème original, cela ne parvient pas à compenser l'ennui que j'ai ressenti à plusieurs reprises.


 

lundi 2 décembre 2013

Zone de non-droit - Alex Berg


Zone de non droit est un roman policier de l’auteure allemande Alex Berg. Il raconte l’histoire de Valérie Weymann, avocate, mère de famille, suspectée d’être liée à Al-Qaïda et arrêté à l’aéroport de Hambourg pour être ensuite enfermée et torturée dans une prison en Europe de l’Est.
Ce roman policier change de ce que j’ai l’habitude de lire car on ne cherche pas à sa voir qui est coupable d’un meurtre mais plutôt comment Valérie,  personnage principal, que l’on sait innocente, va se sortir de la situation horrible dans laquelle elle se trouve. Même si le personnage de Valérie n’attire pas d’emblée la sympathie, son emprisonnement arbitraire nous pousse à compatir avec elle. Je me suis donc attachée à ce personnage, plus par sa situation que par son caractère.

J’ai beaucoup aimé le style du roman. L’auteure sait varier les tonalités et les points de vue, cela permet à la narration d’être dynamique et donne au lecteur l’envie de tourner les pages de plus en plus vite.
J’ai aussi apprécié la structure du livre : chaque partie débute par la citation d’un extrait de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen. Par exemple, la première partie débute par l’article 11, paragraphe 1 : « Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaire à sa défense lui auront été assurées. » Alex berg donne immédiatement le ton : on connait le contenu de cette première partie en lisant cet article, on sait qu’il arrivera immédiatement l’inverse à Valérie. J’ai trouvé ce procédé très habile pour susciter la curiosité du lecteur.
En revanche, bien que j’aie pris un grand plaisir à lire ce livre, ma préférence va aux thrillers palpitants. Zone de non droit n’entre pas dans cette catégorie car même si l’intrigue est prenante, elle n’est à aucun moment angoissante : on se pose des questions sur le devenir de Valérie mais on ne tourne pas les pages en tremblant ; c’est malheureusement ce qui m’a manqué ici.


dimanche 1 décembre 2013

Bilan octobre - novembre



Il faut le dire, j'ai un peu de mal à tenir ce blog à jour en ce moment. Cette fin d'année est chargée pour moi et mes lectures pour le prix Elle me prennent pas mal de temps. Cette expérience du prix me plaît énormément, d'un point de vue aussi bien littéraire qu'humain (je fais partie d'un groupe de jurées extra !) mais la tenue de mon blog, paradoxalement, s'en ressent...

Malgré tout, il est temps de dresser le bilan des deux mois écoulés : octobre et novembre.

J'ai lu (ou pour être plus exacte, j'ai commenté - compte-tenu de mon retard, je publie mes articles longtemps après avoir lu les livres) 8 livres dont :
- 1 roman policier
- 4 romans
- 3 documents

Ces lectures sont toutes pour le prix Elle sauf une :il s'agit d'un roman en partenariat avec Priceminister.

Parmi ces livres, un seul coup de cœur : Tout s'est bien passé, d'Emmanuelle Bernheim, document qui m'a bouleversée et qui, selon moi, a toutes ses chances pour gagner le prix des lectrices de Elle...