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lundi 16 mars 2015

L'insurrection poétique, Manifeste pour vivre ici

A l'occasion du 17e Printemps des poètes, le recueil de poésie intitulé L'insurrection poétique, Manifeste pour vivre ici a été publié par les éditions Bruno Doucey.
Des poèmes de l'Antiquité à nos jours sont classés par thème, tous en rapport avec le regard que l'on peut porter sur le monde, tous manifestent pour ou contre quelque chose, que ce soit contre la Shoah, contre l'homophobie, pour la liberté...

Ce recueil est très bien fait car les thèmes choisis sont très variés et il rassemble des auteurs classiques et des auteurs très contemporains, 110 poètes en tout. J'ai découvert avec beaucoup d'intérêt par exemple les poèmes portant sur la crise économique dans la partie intitulée "Au croc de la phynance" en référence à Ubu roi d'Alfred Jarry.





En voici un exemple avec le début du poème de Jack Küpfer, Trader, publié en 2011 :

"Ailleurs
Dans les palpitations de la nuit

D'autres vomissent dans le grand huit de l'argent facile
Planent sur les rails du pillage

Entre lancer de nain et cocktail de drogues
Chirurgie esthétique et orgie de golden boys
Monstres civilisés au solstice des affaires
Les sanctifiés du capital ruinent à pleines mains
Achètent
Vendent le monde
[...]"




lundi 9 mars 2015

"Roman" - Arthur Rimbaud - 17e Printemps des Poètes

 
 
ROMAN
 
I
On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière....
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête....
III
Le coeur fou Robinsonne à travers les romans,
Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif....
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire...!
- Ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade..
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
                                                                                           29 sept. 70    Arthur Rimbaud
 
 

dimanche 8 mars 2015

"A ceux qui veulent rester esclaves" - Louise Michel - 17e Printemps des Poètes

 
 
À CEUX QUI VEULENT RESTER ESCLAVES
 
Puisque le peuple veut que l’aigle impériale
Plane sur son abjection,
Puisqu’il dort, écrasé sous la froide rafale
De l’éternelle oppression ;
Puisqu’ils veulent toujours, eux tous que l’on égorge,
Tendre la poitrine au couteau,
Forçons, ô mes amis, l’horrible coupe-gorge,
Nous délivrerons le troupeau !
Un seul est légion quand il donne sa vie,
Quand à tous il a dit adieu :
Seul à seul nous irons, l’audace terrifie,
Nous avons le fer et le feu !
Assez de lâchetés, les lâches sont des traîtres ;
Foule vile, bois, mange et dors ;
Puisque tu veux attendre, attends, léchant tes maîtres.
N’as-tu donc pas assez de morts ?
Le sang de tes enfants fait la terre vermeille,
Dors dans le charnier aux murs sourds.
Dors, voici s’amasser, abeille par abeille,
L’héroïque essaim des faubourgs !
Montmartre, Belleville, ô légions vaillantes,
Venez, c’est l’heure d’en finir.
Debout ! la honte est lourde et pesantes les chaînes,
Debout ! il est beau de mourir !
 
                                                                             Louise Michel, La Commune 1898
 
 


samedi 7 mars 2015

17e Printemps des Poètes !

Aujourd'hui et jusqu'au 22 mars a lieu la 17e édition du Printemps des Poètes.

A cette occasion Madame bouquine proposera, durant cette période, des billets en rapport avec la poésie (poèmes, présentations de recueils, vidéo...)
Le thème choisi cette année est l'insurrection poétique, magnifique programme, la poésie rebelle, la poésie qui dit non aux convention ... j'adore !

Le site est ICI.


lundi 2 mars 2015

L'ami retrouvé - Fred Uhlman

Après Charlotte et Inconnu à cette adresse, nous terminons aujourd'hui notre parcours thématique sur la Seconde Guerre mondiale avec un dernier roman : L'ami retrouvé de Fred Uhlman

Ce court roman raconte une belle histoire d'amitié entre Hans, fils d'un médecin juif, et Conrad, jeune aristocrate protestant. Tout semble les opposer, mais une amitié très forte nait entre les deux garçons. Quand Hitler arrive au pouvoir, ils sont un peu inquiets mais n'en font pas grand cas, ce sont des affaires d'adultes. Mais, petit à petit, le nazisme se répand, leur belle et grande amitié sera-t-elle atteinte ?

Il s'agit encore d'un roman bien connu des collégiens, mais d'un abord un peu plus complexe qu'Inconnu à cette adresse. Les deux romans traitent de l'amitié mais d'une manière très différente : ici, ce n'est pas un roman épistolaire mais un roman à la première personne, nous adoptons donc le point de vue de Hans et ses interrogations deviennent les nôtres. L'écriture de Fred Uhlman est très élégante et pleine de références culturelles. Il s'agit donc d'une très belle lecture, un incontournable.




Voici les premières lignes :

"Il entra dans ma vie en février 1932 pour n'en jamais sortir. Plus d'un quart de siècle a passé depuis lors, plus de neuf mille journées fastidieuses et décousues, que le sentiments de l'effort ou du travail sans espérance contribuait à rendre vides, des années et des jours, nombre d'entre eux aussi morts que les feuilles desséchées d'un arbre mort.
Je puis me rappeler le jour et l'heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus grand désespoir. C'était deux jours après mon seizième anniversaire, à trois heures de l'après-midi, par une grise et sombre journée d'hiver allemand. J'étais au Karl Alexander Gymnasium à Stuttgart, le lycée le plus renommé du Wurtemberg, fondé en 1521, l'année où Luther parut devant Charles Quint, empereur du Saint Empire et roi d'Espagne."