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samedi 28 février 2015

Inconnu à cette adresse - Kressmann Taylor

Après Charlotte, restons dans le thème de la Seconde Guerre mondiale.

Inconnu à cette adresse est un roman court qui retrace l'échange épistolaire entre deux amis, Max, juif américain, et Martin, allemand, qui possédaient ensemble une galerie d'art aux Etats-Unis. Martin repart en Allemagne avec son épouse Elsa et ses enfants, nous sommes en 1932. Au départ, l'échange est cordial, mais dès 1933, Martin raconte à Max les événements qui se déroulent dans son pays et l'arrivée d'un certain Hitler au pouvoir...

Ce roman épistolaire très court est bien connu des collégiens. C'est un bijou. Il est à la fois très accessible et vivant, Kressmann Taylor a parfaitement su créer puis intensifier progressivement la tension dramatique, jusqu'à la chute, cinglante. La force de cette œuvre
réside dans la présence de deux points de vue : celui du juif qui, même s'il vit au Etats-Unis, sera touché par le nazisme, et celui de l'allemand, endoctriné et tellement centré sur lui-même qu'il finit par basculer.
Evidemment, c'est un coup de cœur !



Voici le début de la lettre écrite par Martin à Max en 1933, Hitler arrive au pouvoir. L'hésitation du personnage est palpable :

"Cher vieux Max,
Tu as certainement entendu parler de ce qui se passe ici, et je suppose que cela t'intéresse de savoir comment nous vivons les événements de l'intérieur. Franchement, Max, je crois qu'à nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne, mais je n'en suis pas sûr. Maintenant, c'est lui qui, de fait, est le chef du gouvernement. Je doute que Hindenburg lui-même puisse le déloger du fait qu'on l'a obligé à le placer au pouvoir. L'homme électrise littéralement les foules ; il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d'un fanatique. Mais je m'interroge : est-il complètement sain d'esprit ? Ses escouades en chemises brunes sont issues de la populace. Elles pillent, et elle ont commencé à persécuter les Juifs. Mais il ne s'agit peut-être là que d'incidents mineurs : la petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d'un grand mouvement. [...]"


 
 
Le prochain billet sera consacré à L'Ami retrouvé, autre roman de littérature jeunesse qui reprend les même thèmes : l'amitié et la Seconde Guerre mondiale.

jeudi 26 février 2015

Charlotte - David Foenkinos

Ce roman est la biographie de l'artiste peintre Charlotte Salomon, née en 1917 et morte en 1943, à l'âge de 26 ans, à Auschwitz.
L'histoire débute avant la naissance de Charlotte, à l'époque où sa tante, dont elle héritera du prénom, se suicide. Quand Franziska, la sœur de cette femme a un enfant, elle veut l'appeler Charlotte, son mari ne trouve pas l'idée bonne mais il n'insiste pas. 8 ans plus tard, Franziska se suicide à son tour, mais on ment à Charlotte : sa mère est morte d'une grippe. La petite fille grandit et devient peintre, mais, étant juive, elle est écartée par les nazis et doit s'exiler en France...


Ce livre m'a plu à plusieurs égards. Tout d'abord, je ne connaissais absolument pas cette peintre, j'ai donc lu avec beaucoup de curiosité sa biographie et j'y ai trouvé, d'un point de vue culturel, beaucoup d'intérêts. Evidemment, l'intérêt d'une telle lecture ne peut pas être que culturel, il est aussi humain : le destin de cette peintre est une double tragédie. Tragédie personnelle tout d'abord, car marquée par une épidémie de suicides mais aussi tragédie historique car Charlotte nait durant une guerre et meurt dans un camp de concentration durant la guerre suivante. De plus, l'écriture de David Foenkinos est très particulière, elle est très poétique. Ses paragraphes, très courts, souvent de la longueur d'une phrase, me rappellent la forme du verset, comme si l'auteur voulait opposer la poésie à la terrible tragédie qui est à l'œuvre dans l'histoire. Et pour finir, j'ai beaucoup apprécié le fait que D.Foenkinos nous fasse entrer dans les "coulisses" de sa création : à de nombreuses reprises, il nous fait part de ses hésitations, de ses recherches, de ses surprises. Cela nous permet de voir à quel point son travail est documenté mais surtout d'être avec lui à la recherche de Charlotte, nous nous attachons à chaque page davantage au personnage, comme si c'était nous qui nous étions rendus dans son école, dans son quartier ...

Gouache tirée de la série Leben? oder Theater? (« Est-ce la vie ou du théâtre ? »).
 
La presse n'a pas été très tendre avec David Foenkinos, son roman a été qualifié d' "inconsistant", de "superficiel". Ce n'est pas mon sentiment. Il est vrai que certaines vérités toutes faites - et avec lesquelles je ne suis pas du tout d'accord - m'ont agacée (comme "La véritable mesure de la vie est le souvenir"), mais l'intérêt de la vie de la peintre et l'écriture particulière du roman m'ont fait passer outre ces petites phrases.

Charlotte a reçu le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des Lycéens.

 
Voici un extrait du roman, il s'agit du récit de l'enfance de Charlotte, avant le suicide de sa mère :

"Quels sont les premiers souvenirs de Charlotte ?
Des odeurs ou des couleurs ?
Plus probablement, ce sont des notes.
Les mélodies chantées par sa mère.
Franziska a une voix d'ange et s'accompagne au piano.
Dès son plus jeune âge, Charlotte en est bercée.
Plus tard, elle tournera les pages des partitions.
Ainsi défilent les premières années, en musique.
Franziska aime se promener avec sa fille.
Elle l'emmène jusqu'au cœur vert de Berlin, le Tiergarten.
C'est un îlot de paix dans une ville qui respire encore la défaite.
La petite Charlotte observe les corps abîmés et mutilés.
Elle est effrayée de toutes ces mains qui se tendent vers elle.
Une armée de mendiants.
Elle baisse les yeux pour ne pas voir les visages cassés.
Et ne relève la tête qu'une fois dans le bois.
Là elle peut courir après les écureuils.

Et puis, il faut aller au cimetière.
Pour ne jamais oublier.
Charlotte comprend tôt que les morts font partie de la vie.
Elle touche les larmes de sa mère.
Qui pleure sa sœur comme au premier jour de sa disparition.
Certaines douleurs ne passent jamais.
Sur la tombe, Charlotte lit son prénom.
Elle veut savoir ce qui s'est passé.
Ta tante s'est noyée.
Elle ne savait pas nager ?
C'est un accident.
Franziska change vite de sujet.
Tel est le premier arrangement avec la réalité.
Le début du théâtre."



Nous poursuivrons la thématique de la Seconde Guerre mondiale avec les deux prochains billets, l'un consacré à Inconnu à cette adresse et l'autre à L'Ami retrouvé, deux grands classiques de littérature jeunesse.

vendredi 20 février 2015

Si on recommençait - Eric-Emmanuel Schmitt


Si on recommençait est une pièce de théâtre écrite par Eric-Emmanuel Schmitt. Elle met en scène Alexandre, sexagénaire qui revient dans la maison de sa grand-mère où il a passé son enfance. Or, le passé va ressurgir brusquement : il se retrouve face à lui-même, face à l'homme qu'il était 40 ans auparavant, et pas n'importe quand : le jour où il a pris la décision la plus importante de sa vie. Que va-t-il décider ?

Je n'ai jamais été déçue par les texte d'Eric-Emmanuel Schmitt, et cette pièce ne fait pas exception. Je me suis laissée embarquer dans cette histoire qui se lit d'une traite. Je me suis identifiée à Alexandre et je me suis imaginée dans la même situation que lui, qu'aurais-je fait à sa place ? Et si nous avions tous l'opportunité de recommencer un moment de notre vie, ferions-nous la même chose ? Cette pièce a de grandes qualités : elle est drôle, agréable à lire et ouvre la porte de notre imaginaire pour nous projeter dans notre propre vie.

Lors de sa représentation à Paris, le rôle d'Alexandre était joué par Michel Sardou et a remporté un franc succès, voici quelques commentaires de la presse :

« Si on recommençait parvient à distiller sa petite musique drôle et mélancolique. La joie sur scène est communicative. Le temps (remonté) passe vite. Et Eric-Emmanuel Schmitt a réussi son pari : Sardou, le chanteur, est adoubé comme acteur par un public ravi. » Les Echos
« Eric-Emmanuel Schmitt signe une bien belle et délicate comédie. Michel Sardou est parfait. Steve Suissa réalise une mise en scène fringante. De quoi passer une adorable soirée. » Pariscope
« Le chanteur fait un retour réussi sur les planches... un bon moment grâce à cette pièce joliment mise en scène. » Femme Actuelle
« Michel Sardou joue les sages avec une malice assumée et une franche générosité. Une soirée délicieuse et tendre à savourer à tous les âges. » Artistikrezo
 
Voici la présentation de la pièce diffusée à l'émission "Télématin" :
 
 
Voici un extrait de la pièce :
 
"Sacha crie depuis l'office :

SACHA
Et zut ! Pas de savon !
 
Il réapparait en tenue d'Adam.
Lui et Alexandre se trouvent brusquement face à face.
 
SACHA
Ah !
 
ALEXANDRE
Nom de Dieu !
 
Les deux hommes stoppent, déconcertés.
 
SACHA
Vous ... vous désirez ?
 
ALEXANDRE
J'ai eu un accident.
 
SACHA
Où ?
 
ALEXANDRE
Sous cette horloge.
 
                                                                          SACHA
Cette horloge ?
 
ALEXANDRE
En fait, elle s'est jetée sur moi.
 
SACHA
Quand ?
 
ALEXANDRE
A l'instant.
 
Un temps.
 
ALEXANDRE
Votre visage me rappelle quelque chose.
 
SACHA
Mon ... ?
 
ALEXANDRE
Oui.
En réaction gênée, Sacha saisit un plaid et cache sa nudité.
 
SACHA
Vous aussi, vous me faites penser ... Seriez-vous apparenté aux Suchet ?
 
ALEXANDRE
On peut dire ça, oui.
 
SACHA
Moi aussi !
 
ALEXANDRE
Non ?
 
SACHA
Vous avez des traits de ressemblance avec mon grand-père ..."
 
 
 
 

mercredi 18 février 2015

"Contes de fées, de la tradition à la modernité" au Palais Lumière d'Evian


Depuis le 6 décembre et jusqu'au 6 avril 2015 se tient à Evian, au Palais Lumière, une exposition sur le thème des contes de fées.
A l'origine, les contes de fées n'étaient pas destinés aux enfants mais aux adultes auxquels il était raconté pendant les veillées. Les histoires étaient parfois effrayantes comme Le Petit Chaperon rouge : à l'origine, le Loup tue la grand-mère, met son sang dans une carafe et le fait boire au petit chaperon rouge. Au XVIIe siècle, Perrault met par écrit ces histoires mais les modifie pour les rendre plus "acceptables" pour la Cour et ajoute une morale afin de "plaire et instruire". Ce n'est qu'au XIXe siècle que les frères Grimm reprennent à leur tour ces contes et les adaptent pour les enfants. C'est à partir du moment où Perrault puis Grimm ont réécrit les contes que les éditeurs ont fait appel à des illustrateur afin de donner un visage aux héros. Gustave Doré, Arthur Rackham, Edmond Dulac ont mit leur art au service de ces histoires intemporelles.
L'exposition du Palais Lumière est très bien réalisée et nous permet de découvrir des peintures, gravures, sculptures, objets extrêmement variés. Dès l'entrée, nous trouvons une magnifique bibliothèque présentant de magnifiques albums ainsi que des sculptures sur livres extraordinaires. Puis, chaque espace est consacré à un conte. En descendant à l'étage inférieur, nous arrivons dans une forêt peuplée de loup ! Je n'en dis pas plus, c'est extrêmement bien fait et cela plait beaucoup aux enfants... Puis nous pouvons voir des pièces plus contemporaines. Si vous êtes de passage à Evian avant le 6 avril, je vous conseille vivement cette sortie.

Gustave Doré, Le Petit Chaperon Rouge.


















Antoine Doré, Les bois.












Sophie Lobot, La Pomme.













Installation de Katia Bourdarel, Le secret et ses louves qui tournent autour ...







Two Thieves, one Liar, Sculpture de Jim Dine, artiste fasciné par Pinocchio au point de lui avoir consacré son œuvre.









mardi 10 février 2015

Le rendez-vous de la petite souris - Christine Naumann Villemin et Marianne Barcilon



Grizzli est un chat de dentiste. Un jour, il perd une dent, il réalise alors que la petite souris va passer ! Miam miam ! il va pouvoir faire un bon repas ! Il décide donc de lui écrire une lettre pour lui demander de passer récupérer sa dent et lui promet être un chat gentil qui ne mange pas les souris. Cependant, la petite souris, nommée Léocadie Tagada, n'est pas sotte, elle lui envoie en réponse un courrier exprimant clairement son refus. Un échange épistolaire entre les deux personnages s'ensuit ...

Cet album est pour moi un coup de cœur ! Le texte de Christine Naumann Villemin est extrêmement drôle et les deux personnages sont bien campés. Léocadie est une souris qui exerce son métier avec beaucoup de professionnalisme et le chat Grizzli est un menteur qui fera tout pour parvenir à ses fins. En outre, les illustrations sont superbes : Léocadie vit dans un univers rose bonbon, le chat n'a pas une mine sympathique et surtout les lettres sont reproduites avec des écritures enfantines, sur du papier à carreaux pour le chat et sur du papier à lettre rose pour la souris.
Cet album plaira à coup sûr aux enfants en âge de connaître la petite souris mais aussi au parents tant le texte est agréable à lire et de qualité !

Voici deux pages de cet album :

 
 
 
 

dimanche 8 février 2015

L'amour est très surestimé - Brigitte Giraud

Il s'agit d'un recueil de nouvelles dont le thème est la fin de l'amour. Onze nouvelles, très différentes les unes des autres, nous présentent onze personnages qui perdent leurs illusions sur l'amour censé être éternel.
Je ne connaissais pas Brigitte Giraud malgré le grand nombre d'ouvrages qu'elle a écrit et les critiques élogieuses de la presse que je n'ai découvertes que récemment. Son style d'écriture est, tour à tour, en fonction des histoires, des effets voulus, élégante, vaporeuse, incisive ... Elle parvient à nous faire changer d'univers à chaque nouvelle bien que chacune traite du même thème.
J'ai particulièrement aimé deux nouvelles. Tout d'abord, "Tu me manques déjà", dans lequel la narratrice est une assistante sociale mariée à un "grantécrivain" qui est tellement adulé par ses lecteurs et la critique qu'il méprise la réalité banale qu'il retrouve chez lui quand il rentre de ses séances de dédicaces.
La seconde nouvelle que j'ai beaucoup aimé est "L'année de mes dix ans" : une famille part en vacances sur la Côte d'Azur, la narratrice est la fille aînée, elle a dix ans. Sa mère a des réactions étranges et un matin, elle prend son petit frère par la main et s'en va.
Dans les deux cas, j'ai aimé à la fois l'écriture et l'intrigue.
Il est vrai que les nouvelles sont pessimistes, et le titre l'indique parfaitement. Pourtant, bien que je sois d'une nature plutôt optimiste, j'ai beaucoup aimé cette lecture. et je poursuivrai ma découverte de cette auteure.

Voici le début de "Tu me manques déjà" :

"Tu dois partir samedi prochain pour une lecture à Marseille dont tu avais oublié de me parlé. J'avais repéré, depuis plusieurs semaines, que nous pourrions enfin passer deux jours ensemble. Se consacrer du temps l'un à l'autre. Peut-être quitter la ville. Nous extraire du quotidien qui semble te peser tant. J'étais attristé de savoir que le 26 octobre, jour de mon anniversaire, tu serais endéplacement. Je m'étais faite à l'idée de passer cette journée seule, puisque tu étais endéplacement. Je m'étais dit qu'on pourrait peut-être avoir un peu de temps le soir - si jamais tu ne rentrais pas au milieu de la nuit - pour un dîner au restaurant, question de mieux digérer mes quarante-deux ans."

Et le début de "L'année de mes dix ans" :

"Cela se passe sur la Côte d'Azur. C'est le mois de juillet. Il y a des vagues qui s'écrasent contre les rochers sous le chemin. Il y a ma mère qui crie tous les dix mètres, qui demande à mon père de faire attention à mon petit frère. Nous avançons les bras chargés, la glacière, le parasol, les matelas pneumatiques. Nous sommes une famille en file indienne, les uns derrière les autres, plus ou moins inquiets. Il y a les paroles de ma mère, son agacement, le silence de mon père et le chant des cigales, lourd et pénétrant."

lundi 2 février 2015

Le Maléfice égyptien – Lorris Murail


Charlène est une gentille jeune fille, adorable, serviable, un amour … et c’est bien là le problème ! Elle est si gentille qu’elle accepte de faire l’exposé à la place d’un garçon de sa classe. La raison de sa gentillesse ? Elle se trouve trop grosse et pense que si elle avait dix (ou plutôt quinze) kilo de moins, elle n’aurait pas besoin d’être gentille. Le problème avec ce raisonnement idiot, c’est qu’il lui attire des ennuis. En effet, pour faire l’exposé sur l’Egypte, qui, rappelons-le, était au départ destiné à  Raphaël, elle va se procurer un masque égyptien doté d’un drôle de pouvoir magique …

Ce roman de littérature jeunesse est court (moins de 100 pages), très facile à lire, riche en rebondissements et bourré d’humour. Bref, c’est un livre qui plaira sans aucun doute aux adolescentes, petites ou grandes lectrices, qui pourront s’identifier à la gentille, trop gentille héroïne.
J’ai moi-même passé un excellent moment lors de ma lecture. Le maléfice égyptien est exactement le type de roman qui change les idées et qui détend !

Voici les premières lignes :
"Gentille à ce point, c’est une vraie tare. Je ne me souviens plus qui m’a dit ça, un jour. Peu importe. Je suis gentille parce que je ne sais pas être autrement. Quand on est moche, faut être gentille. Moche ? N’exagérons pas. En ai-je entendu parler de mes grands yeux bleus, de mes épais cheveux blonds, de ma peau de pêche ! Mais y a toujours un mais. Inaudible, bien sûr. Les gens bien élevés gardent leurs réflexions pour eux. Seule une mère peut se permettre de glisser de temps en temps « Charlène, tu devrais te surveiller. » Les autres ne finissent pas leurs phrases. La fin, je l’entends quand même. Jolie, oui … avec dix kilos de moins. Ma balance, elle, n’a aucune éducation. Aux dernières nouvelles, ce qu’elle me dit, ce n’est pas dix. C’est plutôt quinze"